2012. « Ils m'ont dit que mon écriture était sans intérêt, fade, insipide, aussi farineuse qu'un fruit trop mur. Ils m'ont dit que mes mots ne valaient pas la peine de venir souiller des centaines de pages vierges et pures. Ils m'ont dit que personne ne lirait les torchons que je leur avais fait parvenir, qu'ils finiraient sans doute par être froissés ou par caler de vieilles armoires branlantes rongées par les mites. Ils m'ont dit qu'on ne lirait pas mes mots, jamais.

Ils le feront malgré eux en s'attardant sur mes morts. Le monde entier découvrira mon oeuvre, haletant de désespoir à l'idée d'en connaître enfin le dénouement.

Ils liront, et le sang coulera jusqu'à ce que je jette l'encre. »

2015. Trois ans déjà que le cauchemar a commencé. Le tueur en série a commis onze meurtres au total dont neuf dans la petite ville de Fairhope, Alabama, et de ses environs. Le mobile de ce monstre reste encore flou, chacune de ses victimes sauvagement sacrifiée sans que personne ne comprenne au nom de quoi.

Les habitants de Fairhope retiennent leur souffle, conscient que celui qui mutile ses proies pour graver ses mots dans leur chair rode parmi eux, qu'il peut se trouver au coin de la rue. Son ombre est présente, elle flotte sur la ville comme un mauvais présage.

Et celui qu'on surnomme « Le Poète de Fairhope » n'a certainement pas encore dit son dernier mot...